L'affaire Phûlan Devî
La
société indienne est des plus violentes au monde – n’en déplaise aux niais qui
ne la veulent voir que par les bésicles du machiavélique révolutionnaire
nationaliste Gandhi, prétendu non-violent. Phûlan
Devî (1963-2001) fut une victime et actrice remarquable de la violence
indienne. Née dans une caste inférieure, elle est vendue… pardon, mariée à 11
ans. Esclave domestique, battue et violée, elle dort avec le bétail. Révoltée,
elle s’évade et regagne son village. La société indienne ne lui laisse dès lors
le choix qu’entre la prostitution et la mort. Non seulement Phûlan refuse ce
sort, mais elle revendique un terrain dont sa famille avait été spoliée par un
cousin. Celui-ci lui organise un viol collectif, puis la livre à une bande de
“dacoïts”, brigands locaux. Leur chef de haute caste est bientôt abattu par ses
propres hommes pour les beaux yeux de la rebelle, qui apprend vite le métier de
bandit, et devient chef de la bande.
Mais
une autre bande la capture. Viol collectif de routine. Un brahmane lui permet
de s’évader (sous prétexte de la violer à son tour) : il est brûlé vif.
Phûlan ne vit plus que pour la vengeance. Le 14 février 1981, elle investit
avec son gang le village de ses tortionnaires, assassins de son amant. Elle
fait abattre 22 personnes, toutes de haute caste, par ses intouchables
commandés par une femme ! Scandale. Massacre très inconvenant. Indira
Gandhi, Premier ministre, s’en mêle. Mais la “Reine des Bandits” échappe encore
deux ans à la police, avant de négocier sa reddition, publique et triomphale, en
1983. Libérée
en 1994, elle adhère à un parti socialiste et est élue députée ! Adulée
des basses castes et convertie au bouddhisme, l’arrivée au pouvoir du B.J.P.,
parti fondamentaliste hindouiste, est un revers mortel pour elle. Le 25 juillet
2001, elle est abattue de six balles devant son domicile, dans un quartier
ultra-sécurisé, en principe, de La Nouvelle-Delhi. Un représentant de la caste
de propriétaires terriens, qu’elle avait si bien matraquée pendant sa carrière
criminelle, revendiquera l’assassinat.
“Bollywood” lui a consacré un
film, “Bandit Queen” (1996), et
Robert Laffont a publié son autobiographie en français.
Patrick Gofman
extrait du "Dictionnaire des emmerdeuses"(Grancher éd., mai 2012)
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