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dimanche 30 décembre 2012

Condition des femmes en Inde


L'affaire Phûlan Devî

La société indienne est des plus violentes au monde – n’en déplaise aux niais qui ne la veulent voir que par les bésicles du machiavélique révolutionnaire nationaliste Gandhi, prétendu non-violent. Phûlan Devî (1963-2001) fut une victime et actrice remarquable de la violence indienne. Née dans une caste inférieure, elle est vendue… pardon, mariée à 11 ans. Esclave domestique, battue et violée, elle dort avec le bétail. Révoltée, elle s’évade et regagne son village. La société indienne ne lui laisse dès lors le choix qu’entre la prostitution et la mort. Non seulement Phûlan refuse ce sort, mais elle revendique un terrain dont sa famille avait été spoliée par un cousin. Celui-ci lui organise un viol collectif, puis la livre à une bande de “dacoïts”, brigands locaux. Leur chef de haute caste est bientôt abattu par ses propres hommes pour les beaux yeux de la rebelle, qui apprend vite le métier de bandit, et devient chef de la bande.
Mais une autre bande la capture. Viol collectif de routine. Un brahmane lui permet de s’évader (sous prétexte de la violer à son tour) : il est brûlé vif. Phûlan ne vit plus que pour la vengeance. Le 14 février 1981, elle investit avec son gang le village de ses tortionnaires, assassins de son amant. Elle fait abattre 22 personnes, toutes de haute caste, par ses intouchables commandés par une femme ! Scandale. Massacre très inconvenant. Indira Gandhi, Premier ministre, s’en mêle. Mais la “Reine des Bandits” échappe encore deux ans à la police, avant de négocier sa reddition, publique et triomphale, en 1983. Libérée en 1994, elle adhère à un parti socialiste et est élue députée ! Adulée des basses castes et convertie au bouddhisme, l’arrivée au pouvoir du B.J.P., parti fondamentaliste hindouiste, est un revers mortel pour elle. Le 25 juillet 2001, elle est abattue de six balles devant son domicile, dans un quartier ultra-sécurisé, en principe, de La Nouvelle-Delhi. Un représentant de la caste de propriétaires terriens, qu’elle avait si bien matraquée pendant sa carrière criminelle, revendiquera l’assassinat.
“Bollywood” lui a consacré un film, “Bandit Queen” (1996), et Robert Laffont a publié son autobiographie en français.
Patrick Gofman
extrait du "Dictionnaire des emmerdeuses"(Grancher éd., mai 2012)

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