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dimanche 19 janvier 2014

Ode à Onoda*




Quand tu traverses les grilles
de mon rêve où le sang brille,
je rêve encore, et je veille,
Onoda Hiroo Sensei.

Je gueule : Fixe ! pour les hommes.
Je chante : Hiroo, welcome
Welcome, hero, dans mon hara,
Dans ma tête, et dans mes bras.

Nous n’irons plus danser, bravo,
les hommes sont coupés : Repos !
Tu gardais la mer des Barbares,
je tiens le désert des Tartares.

Pas de quoi trousser un aiku !
Pour des prunes ! chient les faux-culs.
Mais d’Onoda Tanejiro,
sous la fleur de prunier, trois mots**.

Onoda, trente ans, j’ai trente ans,
et je suis debout, et j’attends
la fin de la saison des pluies
en pleurant les amours enfuies.

Je ne vois de vies qu’inutiles,
et j’aime, tout près, qui rutile,
ricane, et roucoule : Coucou !
la mort qui ne veut pas de nous.

Nous ne ferons pas le printemps,
mais nous n’en demandons pas tant,
aussi cons que des hirondelles,
et sans savoir à quoi, fidèles !

                                                Patrick Gofman

*Le sous-lieutenant japonais Onoda Hiroo (mort le 16/1/14) a poursuivi, seul, la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1974, sur l’île de Lubang (Philippines). Cf. G. Chenu et  B. Cendron, “Onoda 30 ans seul en guerre” (Arthaud éd.). Je reste un peu rêveur, au XXIe siècle, en voyant où allait mon admiration, quels étaient mes fantasmes et mes principes en 1979, après douze ans d’ “imminence de la révolution” trotskiste, et quelques mois avant d’être exclu de l’Organisation communiste internationaliste, à mes vives surprise et indignation.
** “Ce matin, une fleur de prunier s’est épanouie pour célébrer le retour à la vie de notre fils.”
Mon article exclusif sur "Boulevard Voltaire" ICI.
Vidéo en anglais : http://www.youtube.com/watch?v=LvT86194rs4

2 commentaires:

  1. C'est très beau.

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  2. Gofman était déjà nationaliste, mais son chemin de Damas était encore devant lui...

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