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lundi 16 mars 2020

"Les Dents de la maire"

Dans son livre "Les Dents de la maire", Benoît Duteurtre pourfend brillamment la façon dont Paris, sous la houlette d'Anne Hidalgo, pétrie de bonnes intentions, s'est transformé en enfer pour bien de ses habitants. Notamment au gré de mesures censées combattre l'automobile et la pollution, mais qui ont aggravé les embouteillages et… la pollution. (…) Piétonnisation et développement des circulations dites "douces" sur fond d'écologisme messianique ont intronisé un nouveau roi : le cycliste et ses produits dérivés, c'est-à-dire les usagers des trottinettes, rollers, monoroues, gyroskates, gyropodes ou autres objets glissants. Les bonheurs simples du piéton de Paris, naguère célébrés par Léon-Paul Fargue, ont cédé la place à la guerre de tous contre tous, transformant les rues en jungle où prévaut la loi du plus fort. (…) D'autres phénomènes participent à la "destruction des villes en temps de paix", selon l'expression du philosophe Jean-Claude Michéa. Chantiers incessants et manifestations festives (mercantiles ou au service de causes diverses) pullulent en produisant une ahurissante pollution sonore. Le tourisme de masse et la transformation de certains quartiers en galeries commerciales à ciel ouvert uniformisées par les enseignes de camelote à ciel ouvert font rage. Un hideux mobilier urbain – stations de vélos, conteneurs de collecte de verre ou de carton, parkings à trottinettes… – répand un enlaidissement saisissant. D'opération Sentinelle en plan Vigipirate, des hommes en armes patrouillent en distillant une ambiance de guerre ; des blocs de béton préviennent les attaques de voiture-bélier. Les manifestations charrient leurs cortèges de casseurs et de nuages de gaz lacrymo. Rendez-nous nos villes ou bien nous irons les construire à la campagne !
Christian Authier
"Service Littéraire" n° 137, mars 2020

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