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mardi 14 septembre 2010

Moi, nègre de Chabrol

Le cinéaste Claude Chabrol vient de mourir, et c’est la mort d’un géant, pour Direct Matin (13/9). L’imMonde et L’Aberration manient l’encensoir à tour de bras. Seulement, il n’y a pas de grand homme pour son valet. Et je fus moins que le valet de Chabrol : je fus son nègre.


En 1979, les Éditions des Autres me confiaient un livre-magnétophone de Chabrol pour le traduire en français littéraire, et retailler une intrigue faiblarde. Faillies quelques mois plus tard, elles détournaient cet actif pour le revendre aux éditions Encre. Celles-ci s’empressaient, fin 1980, de publier mon premier jet tel quel : constellé de fautes, de notes, de questions irrésolues, etc.

Un nègre se révolte, titra Libé à la une, quand je me mis à crier, faute d’accord avec les éditeurs analphabètes susdits. Une cinquantaine de médias gros et moyens suivirent. Scandale. Procès en référé. Le juge renvoya l’affaire au fond. Mon propre avocat exigea la forte somme pour suivre. Je ne l’avais pas.

Il y a aujourd’hui un trou de quinze ans dans ma bibliographie : avis aux autres nègres qui rêveraient de se révolter.



Patrick Gofman

1 commentaire:

  1. "Il y a aujourd’hui un trou de quinze ans dans ma bibliographie"

    Je ne comprends absolument pas. Expliquez moi, s'il vous plaît.

    Merci d'avance pour l'éclaircissement.

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