Les privilèges ont
changé de mains
"L'Express", 8 fév. 17. En finir ? Ce n'est pas demain
la veille. Puisque l'on n'est pas près de commencer à s'y attaquer. Réellement.
Puisque des privilèges sénatoriaux récemment confisqués sont déjà rétablis,
selon une procédure… secrète ! Et puisque l'emploi fictif reproché à Pénélope Fillon est aussi le fait de
nombreux parlementaires. Tels MM. Jalton (PS, Guadeloupe), qui n'a jamais mis les
pieds à L'Assemblée nationale, ou Cambadélis (PS) qui a déployé 6 semaines de
présence en un an. "L'Express" effleure le sujet en 19 pleines pages.
Résumons ce résumé. Mais d'abord une statistique édifiante, négligée par le
"news mag" :
France : 66 millions d'habitants, 577 députés, 350
sénateurs.
USA : 319 millions d'habitants, 435 députés, 100 sénateurs.
Et voici ce qu'amasse un député français, assidu ou non dans
l'Hémicycle :
6 800 €/mois : indemnité brute
+ 6 000/mois : IRFM (indemnité représentative de
frais de mandat)
+ 9 500/mois pour rémunérer Pénélope & C°
+ 4 200/an de "facilités téléphoniques"
(9 670 pour l'outre-mer, 16 845 pour l'étranger)
+ 15 245/an pour le matériel informatique
+ carte SNCF illimitée en 1re classe
+ 46 vols AR/an
+ 12 000/an : budget courrier
+ 5 500/an : taxis.
Le Palais-Bourbon (Chambre des députés) et le palais du Luxembourg
(Sénat) ne semblent pas assez grands ni luxueux pour tant de têtes enflées et
de personnel à chaînes pectorales. D'autres palais, immeubles et hôtels
particuliers en ribambelle sont achetés dans les quartiers les plus coûteux de
Paris. La liste en est accessible en ligne, pour le Sénat. Mais l'Assemblée a
refusé de communiquer la sienne à "L'Express". Pudeur, sans doute.
Probablement vous demandez-vous ce qu'il reste pour votre
maire ou votre conseiller général. Rassurez-vous. Les élus locaux sont moins
visibles autour de l'assiette au beurre, et leurs indemnités sont plus faibles…
Alors ils les cumulent ! Totaux :
6 795 €/mois pour cet "élu du Sud"
(laissé dans l'ombre par "L'Express")
6 725 pour Xavier Bertrand (LR), qui ne perd rien à
quitter mairie et députation pour présider la région Nord.
8 272 est le plafond officiel.
« Le sénateur qui ne vient jamais ou très peu conserve
un pactole d'environ 7 000 € net », calcule le journaliste Yvan
Stefanovitch, in "Le Sénat, un paradis fiscal pour des parlementaires
fantômes" (Éditions du Rocher), ouvrage qui fait l'objet d'une plainte en
diffamation de la "Chambre haute". Dans ce contexte, on est tenté de
sourire en découvrant que les jardins du Luxembourg, interdits au public pour
la plus belle part, coûtent au dit public 12,2 millions d'euro/an et occupent
75 jardiniers.
La pension de retraite d'un sénateur est en moyenne de
4 511 €/mois. Elle s'ajoute aux pensions qu'il obtient de ses autres
postes (élu local, fonctionnaire, salarié, etc.). Quant à sa veuve, elle
obtiendra en réversion 60 % de sa retraite. La veuve d'un fonctionnaire se
contente de 50 %, celle d'un salarié du privé de 36 % !
Privilèges ? Décidément le mot est faible.
P. Gofman
Témoignage exclusif et édifiant en "Commentaire" ci-dessous.
Il y a une dizaine d'années, j'ai réglé la succession de la veuve d'un homme de gauche, qui avait été député de 1949 à 1959. Beaucoup plus jeune que lui, et décédée très âgée, elle avait donc coûté très cher à la caisse de retraite. Les trois filles, toutes de l'Education Nationale, m'informent qu'elles ont droit à une allocation au titre des frais d'obsèques, équivalente à 3 mois de réversion. Je dois appeler tel bureau à l'Assemblée Nationale. On me confirme, me demande la facture des obsèques et en retour je reçois un chèque de 7.800 euros. Donc le conjoint d'un homme qui a été député 10 ans, reçoit une pension de réversion de 2.600 euros par mois. En février 1934, le peuple n'a pas réussi à envahir le palais Bourbon. Il est temps qu'il réussisse.... Mais même Marine LE PEN, il me semble, ne s'élève pas contre ce scandale qui est pourtant l'un des premiers à régler pour tout futur président. En finir avec les privilèges exorbitants de nos élus. Beaucoup font un gros travail, ce travail doit être payé, mais dans des conditions claires, et à des conséquences identiques pour les impôts et pour la retraite à celles du Français moyen. Qu'on s'inspire pour cela de certains pays nordiques, qui ont beaucoup à nous apprendre.
RépondreSupprimerPour finir, savez-vous que toute personne qui a été ministre ne serait-ce qu'une journée (cela est arrivé, pensez à la 3e République) perçoit une retraite ?
La soupe n'est pas bonne, elle est écoeurante...
Édifiant ! Merci Fracastou.
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