ENCORE une idole
féministe dont le culte est d’une discrétion excessive. Quelle injustice !
Pourtant la modeste Violette (1893-1944) fut d’abord une héroïne de la guerre
de 14, ambulancière sur la Somme puis estafette à Verdun.
Ensuite elle a été
pionnière du sport féminin. Meilleure mondiale au lancer du poids pendant des
années, elle s’est également distinguée au disque, au javelot, football, course
automobile, cyclisme, motocyclisme, natation, tennis, water polo, boxe,
équitation, aviation, tir à l’arc, plongeon de haut vol, haltérophilie, lutte
gréco-romaine…
À droite |
Evidemment, les
institutions patriarcales la persécutent. On lui sucre sa licence à la veille
des jeux Olympiques de 1928, sous prétexte d’atteinte aux bonnes mœurs. Elle
riposte par un procès contre la Fédération française sportive féminine, qui
interdisait le port du pantalon à ses affiliées. Le tribunal sexiste la déboute
et la condamne aux dépens, en invoquant la célèbre ordonnance du 16 brumaire an
IX (toujours valide, en principe, au moment où j’écris – août 2011 – malgré les
grincements de dents des Khmers verts).
Violette Morris en
conçoit une profonde amertume, qui explique peut-être en partie qu’invitée
d’honneur aux J.O. de Berlin, en 1936, elle y accepte de devenir une espionne
nazie rétribuée.
Elle aggrave son
cas lorsque l’Allemagne nationale-socialiste occupe la France. Elle rejoint les
truands qu’elle fréquentait de longue date dans la “Carlingue”, la Gestapo
française, et s’y livre à des atrocités, se spécialisant dans la torture des
femmes. Mais c’est son activité de contre-espionnage en Normandie qui attire
l’attention de l’Intelligence Service
et du BCRA (service secret de la France libre à Londres), qui la condamnent à
mort.
Le 26 avril 1944,
huit mitrailleurs du maquis arrosent sa Traction. Elle bondit au-dehors,
pistolet au poing, achevée immédiatement.
En 2011, un livre
de Marie-Jo Bonnet conteste ceux de Raymond Ruffin et Jean-Emile Néaumet, sur
les points les plus noirs du pedigree de Violette. Ah ! Nos amies
féministes pourront bientôt récupérer une idole particulièrement
décorative !
Extrait du "Dictionnaire des Emmerdeuses" de Patrick Gofman,
Grancher éd., mai 2012. 15,20 € @ amazon
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