Pages

mercredi 4 septembre 2013

La vraie vie de Violette Morris


ENCORE une idole féministe dont le culte est d’une discrétion excessive. Quelle injustice ! Pourtant la modeste Violette (1893-1944) fut d’abord une héroïne de la guerre de 14, ambulancière sur la Somme puis estafette à Verdun.

Ensuite elle a été pionnière du sport féminin. Meilleure mondiale au lancer du poids pendant des années, elle s’est également distinguée au disque, au javelot, football, course automobile, cyclisme, motocyclisme, natation, tennis, water polo, boxe, équitation, aviation, tir à l’arc, plongeon de haut vol, haltérophilie, lutte gréco-romaine…

À droite
L’Amazone va jusqu’à subir une “mastectomie bilatérale”, c’est-à-dire l’ablation des deux seins, qu’elle a très opulents, et qui la gênent au volant, dit-elle.

Evidemment, les institutions patriarcales la persécutent. On lui sucre sa licence à la veille des jeux Olympiques de 1928, sous prétexte d’atteinte aux bonnes mœurs. Elle riposte par un procès contre la Fédération française sportive féminine, qui interdisait le port du pantalon à ses affiliées. Le tribunal sexiste la déboute et la condamne aux dépens, en invoquant la célèbre ordonnance du 16 brumaire an IX (toujours valide, en principe, au moment où j’écris – août 2011 – malgré les grincements de dents des Khmers verts).

Violette Morris en conçoit une profonde amertume, qui explique peut-être en partie qu’invitée d’honneur aux J.O. de Berlin, en 1936, elle y accepte de devenir une espionne nazie rétribuée.

Elle aggrave son cas lorsque l’Allemagne nationale-socialiste occupe la France. Elle rejoint les truands qu’elle fréquentait de longue date dans la “Carlingue”, la Gestapo française, et s’y livre à des atrocités, se spécialisant dans la torture des femmes. Mais c’est son activité de contre-espionnage en Normandie qui attire l’attention de l’Intelligence Service et du BCRA (service secret de la France libre à Londres), qui la condamnent à mort.

Le 26 avril 1944, huit mitrailleurs du maquis arrosent sa Traction. Elle bondit au-dehors, pistolet au poing, achevée immédiatement.

En 2011, un livre de Marie-Jo Bonnet conteste ceux de Raymond Ruffin et Jean-Emile Néaumet, sur les points les plus noirs du pedigree de Violette. Ah ! Nos amies féministes pourront bientôt récupérer une idole particulièrement décorative !


Extrait du "Dictionnaire des Emmerdeuses" de Patrick Gofman,
Grancher éd., mai 2012.  15,20 € @ amazon

1 commentaire:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer