Paris, dimanche 26 sept. 2010, 11 h. Projection du film “Le plus beau métier du monde” à L’Escurial (Paris 13e). Résumé : c’est trop injuste que nous actrices de 40 (ou plutôt 50) ans ayons moins de rôles ! La réalisatrice Valérie Stroh déboule à la fin en compagnie de deux vedettes de son documentaire, Soral et Lazure. Je commence par lui demander si elle a bien aimé « le film de Rosanna Arquette, “Searching for Debra Winger”, qui en 2002 interviewait, elle aussi, de vieilles actrices… »
— Gloups… Vous y allez fort…
— Excusez ma mauvaise éducation, et répondez tout de même.
— Oui, j’ai vu “Searching for Debra Winger”. C’est trop long : deux heures.
C’est 1 h 40, en réalité. Mais il est vrai que le “remake” est mieux monté, mieux foutu à tous égards que l’original. Je laisse roucouler quelques fans qui n’ont « pas vu les rides » de toutes ces quinquagénaires, et saluent leur prétendu courage. Puis je remets une couche :
— À mon tour de me plaindre : pourquoi, à 61 ans seulement, ne veut-on plus de moi comme boxeur ?
Le temps de dire ça, et Agnès Soral a essayé de me couper la parole cinq fois. Aussi gracieuse que son frère, celle-là. Elle finit par me dire qu’elles ne se plaignent pas.
Encore heureux ! Ces gonzesses n’ont eu qu’à paraître pour avoir le monde à leurs pieds et du fric plein le réticule pendant dix ans. Elles ont gardé la ligne, et elles continuent à travailler, dans des rôles conformes à leur âge. Puisque Mme Stroh est si courageuse, quand fera-t-elle un film sur des actrices vraiment déchues, brisées, comme Frances Farmer, Louise Brooks, nos 100 000 intermittantes du pestacle ?
— Le film n’aurait pas pu se faire [sans vedettes épanouies], répond-elle (à une question voisine).
Pour finir, Soral se lance dans un tableau assez touchant de sa vie de perpétuelles humiliations, et quelqu’un lance dans la salle : « J’ai si peur de la vie que je n’ai pas peur de ce métier… » Assez bonne définition de l’histrionisme, névrose aggravée de prétentions artistiques.
Patrick Gofman
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